Déchets plastiques : Recyclage ≠ Utilisation

Compte tenu de la crise climatique et de la pollution plastique mondiale, de nombreuses personnes pensent que le recyclage des matériaux, en particulier des plastiques, est la solution à la pollution plastique. Le recyclage peut réduire l'utilisation des ressources, prévenir le gaspillage et réduire les émissions de dioxyde de carbone. C’est un fondement important de l’économie circulaire. Le recyclage de certains matériaux est relativement simple, mais celui des plastiques implique des conflits de cibles complexes.

Le recyclage des plastiques d'origine fossile est particulièrement important par rapport à leur combustion (récupération de chaleur) ou à leur déversement dans l'environnement après une seule utilisation. Dans de nombreuses villes de Suisse, les déchets plastiques, ou plus précisément les plastiques ménagers mélangés, peuvent être collectés dans des sacs en plastique puis triés et recyclés à l'aide de machines.

Cependant, le processus de recyclage atteindra bientôt ses limites. D’un point de vue environnemental, le recyclage mécanique est plus utile lorsque les matériaux recyclés remplacent autant que possible les matériaux natifs. Cela signifie que les émissions de dioxyde de carbone pendant la production et l’incinération peuvent être évitées et que les plastiques ne finiront pas dans les décharges ou dans l’environnement. Cependant, le remplacement de nouveaux plastiques nécessite des matériaux recyclés de haute qualité, ce qui constitue précisément le problème.

Les substances chimiques peuvent perturber le processus de recyclage

Il existe différents types de plastiques produits et utilisés, composés de chaînes polymères constituées d’unités monomères répétées. Selon l'application, ces chaînes polymères contiennent également de nombreux produits chimiques supplémentaires, notamment des stabilisants, des plastifiants et des retardateurs de flamme, qui confèrent aux plastiques les caractéristiques nécessaires. Dans un rapport rédigé pour le Programme des Nations Unies pour l'environnement, des chercheurs ont découvert que jusqu'à 13 000 produits chimiques sont utilisés dans les plastiques. Beaucoup de ces substances peuvent être nocives pour la santé humaine et l'environnement. Cependant, dans certains cas, ces substances ne sont pas suffisamment réglementées.

Une grande quantité de plastique et d’additifs réduit souvent la qualité des matériaux recyclés et rend le recyclage difficile, voire impossible, dans la pratique. Par conséquent, si de nombreux produits en plastique ne peuvent pas être fabriqués à partir de matériaux recyclés et ne peuvent être fabriqués qu’à partir de nouveaux matériaux, collecter toujours plus de déchets plastiques ne nous sera pas d’une grande aide.

Un problème plus grave est que les produits en plastique durables contiennent souvent des additifs, dont nous savons désormais qu'ils sont nocifs pour la santé humaine et l'environnement. Si le recyclage de ces plastiques n’est pas soigneusement géré, les produits chimiques réglementés risquent de circuler sur le marché pendant de plus longues périodes plutôt que d’être retirés du cycle.

Les inconvénients des plastiques colorés

Contrairement aux produits alimentaires, les fabricants de plastique ont rarement besoin de divulguer leurs formules et leurs ingrédients. Cela signifie que les gens ne savent pas quels ingrédients contiennent la plupart des produits en plastique, ni s’ils peuvent être recyclés en toute sécurité. Le but de cette étude est de tenter de déterminer de quels matériaux sont fabriqués les plastiques et s'ils peuvent être recyclés.

Par exemple, dans le cadre d'une étude publiée dans la revue Environmental Science and Technology, des chercheurs ont récemment collaboré avec des collègues d'autres universités suisses pour étudier les revêtements de sol en plastique à base de polychlorure de vinyle (PVC). Le polychlorure de vinyle est un plastique important dans l'industrie de la construction et est souvent recyclé (taux de recyclage : 16 %). Dans cette étude, l'équipe de recherche a testé 151 nouveaux produits de revêtement de sol en PVC achetés en Suisse pour détecter la présence de métaux lourds, de plastifiants et d'autres produits chimiques.

Les résultats de la recherche sont surprenants. Des additifs nocifs depuis longtemps interdits ont été trouvés dans 24 (16 %) nouveaux revêtements de sol, comme le plomb utilisé comme stabilisant et plastifiant DEHP (un phtalate). En raison des risques sanitaires, l'Union européenne et la Suisse ont interdit l'utilisation du plomb et du DEHP dans les nouveaux matériaux. Les chercheurs pensent donc que ces substances peuvent encore être trouvées dans les nouveaux revêtements de sol, probablement en raison de la contamination de matériaux recyclés.

chlorure de polyvinyle.

En outre, 29 % des revêtements de sol contiennent d'autres plastifiants phtalates, dont l'utilisation est toujours autorisée mais qui reste préoccupante. Certains phtalates sont suspectés d'avoir des effets perturbateurs endocriniens et cancérigènes et sont associés à diverses maladies.
Les gens ont toujours cru que les revêtements de sol en polychlorure de vinyle constituent la principale source de produits chimiques nocifs à l’intérieur des bâtiments, car ils libèrent des plastifiants. Mais en réalité, on sait encore très peu de choses sur sa composition chimique.

Comment résoudre ce problème?

Cet exemple illustre que les plastiques contiennent une grande variété de produits chimiques et manquent de transparence, ce qui pose non seulement des problèmes pour l'économie circulaire, mais constitue également un danger pour l'homme et l'environnement.
À l’avenir, il sera nécessaire de trouver des moyens durables de recycler les matériaux de revêtement de sol en PVC sans nuire à la santé humaine. Cela nécessite un contrôle et des processus plus stricts pour éliminer les produits chimiques nocifs des produits en PVC recyclé. Des méthodes pratiques de détection des plastifiants phtalates dans les plastiques ont été développées et ces méthodes doivent être intégrées au système de recyclage.

Mais pour les autres substances chimiques, il n’existe actuellement aucune méthode de détection rapide et simple. Dans ce cas, les chercheurs estiment qu’une analyse simple et rapide d’autres types de plastiques et de produits chimiques est encore nécessaire, notamment en adaptant les processus de production.

Si davantage de nouveaux matériaux doivent être remplacés à l’avenir, des matériaux recyclés de meilleure qualité seront nécessaires. En pratique, cela signifie principalement réduire la quantité de différents plastiques et produits chimiques utilisés, adopter des méthodes de conception de matériaux plus standardisées, envisager le recyclage dès le départ et améliorer la transparence de l'approvisionnement.